La vanille de l’archipel des Comores : la récolte de 2023.

27/07/2023

Dans l'archipel des Comores, la campagne de récolte de la vanille pour l'année 2023 a été officiellement lancée, le 8 juillet par le Gouvernement central sans fixer le prix du kilo de la vanille verte.

Pendant ce temps, l'Office nationale de la vanille commence la sensibilisation et demande aux préparateurs agrémentés d'acheter les vignettes de la campagne 2023 afin de pouvoir exercer leur travail de préparateur.

Tous les producteurs et préparateurs de l'espèce d'orchidée s'interrogent sur 3 points :

- Quels sont les facteurs qui freinent les exportateurs comoriens à vendre les 50 tonnes de vanille préparées en 2022 ?

- Pourquoi le prix plancher pour la vanille verte n'a jamais été stable aux Comores ?

- Quelles mesures pour réguler le marché de la vanille aux Comores ?

En qualité d'expert Nour Fahad, le fondateur de NF EI, nous porte des éclaircissements sur ces questions.

Pourquoi les exportateurs comoriens n'arrivent pas à vendre la vanille de la campagne de 2022 ?

Il est important de souligner que la crise actuelle de la vanille est mondiale. Dans le monde entier des milliers de tonnes de gousses invendues s'accumulent depuis 2020. Cette crise est liée directement à la pandémie de COVID-19, qui a entraîné une baisse de la demande mondiale de la vanille. Pour les Comores, la crise peut être aussi rapprochée à la surproduction Malagache. En effet, nos voisins malgaches ont profité de la demande mondiale de vanille qui était élevée avant le Corona virus, pour doubler leur production. Aujourd'hui, la grande île produit 40% de la vanille mondiale. Ce qui fait que tous les grands acheteurs acquièrent la vanille la moins chère du monde, qui est celle de Madagascar.

Outre ce problème est en conséquence lié au fait que certains grands exportateurs comoriens n'ont pas hésité de mélanger frauduleusement de la vanille comorienne (bonne qualité) avec celle de Madagascar (mauvaise qualité) en 2019 pour la vendre trop cher sur le marché. Cette fraude entretient un climat délétère entre les grands acheteurs et certains vendeurs du pays. 

Pourquoi le prix plancher pour la vanille verte n'a jamais été stable aux Comores ?

Par rapport au prix de la vanille verte, je pense que le gouvernement et les grands exportateurs manquent deux éléments dans leur collaboration : de la transparence et de la stratégie.

Le déséquilibre actuel sur le prix est directement lié à la politique nationale qui ne tient pas compte aux besoins des petits agriculteurs. Le gouvernement met en place des structures régulatrices du marché, dirigée par des personnes n'ayant aucune connaissance du domaine. Cette poignée des personnes privilégiées profitent du pouvoir pour mettre la main sur les producteurs, se passer des représentants afin de s'enrichir. Nous avons mené une enquête auprès de ces personnes pour comprendre comment les fausses coopératives et associations comoriennes volent aux pauvres producteurs de vanille leurs moyens de subsistance. Nous allons publier les résultats de cette enquête le mois de décembre 2023. 

Quelles mesures pour réguler le marché de la vanille aux Comores ?

Je pense que pour réguler le marché de la vanille aux Comores, il faut faire trois choses :

- Stabiliser la politique nationale de la vanille : C'est-à-dire créer un climat de confiance entre les producteurs et les exportateurs en créant des financements à long terme pour la culture, la récolte et la préparation. Cela permettra aux producteurs de travailler en collaboration avec les grands exportateurs d'une façon permanente.

- Le gouvernement doit arrêter un peu les « mensonges » : aujourd'hui, avec les nouvelles technologies, le monde devient un village. Les producteurs comoriens ont donc le droit de collaborer avec les acheteurs du monde entier, sans intermédiaires. Il faut arrêter un peu de baratiner les têtes de nos parents. Car ils n'ont pas besoin du gouvernement pour accéder au marché de la vanille. Je pense qu'ne fois que le gouvernement comorien mettra en place des vraies règles et des réglementations pour empêcher les monopoles et garantir une concurrence saine, vous verrez que le pays ne connaitra jamais des distorsions sur le marché. Il ne faut pas oublier que la vanille des Comores est une gousse considérée comme l'une des meilleures au monde en raison de son taux de vanilline qui dépasse 2%, son calibrage et sa richesse en sucre. Elle est unique. C'est vrai, le monde d'aujourd'hui aime les produits moins chers. Mais les grands acheteurs, qu'ils soient des entreprises ou des consommateurs de la vanille, cherchent souvent des produits naturels et de qualité pour plusieurs raisons (santé bien-être, sensibilité aux allergènes et intolérances, règlements et normes…). Ainsi notre vanille a sa place sur le marché.

- Protéger les producteurs : pour éviter les perturbations de la chaîne de production, la fluctuation des prix et la diminution de la production de la vanille aux Comores, on doit donc assurer une protection sociale adéquate pour les producteurs. Soutenir les petits producteurs en leur offrant la possibilité de trouver des partenaires à l'étranger et un accès à des financements pour la culture de la vanille d'abord avant la récolte. Cela réduira les inégalités économiques et sociales inutiles.